La créatrice de contenu et entrepreneuse derrière la marque de vêtements prêts-à-porter Noble, Noémie Lacerte, a lancé sa propre compagnie vers la fin de 2020 alors que ça faisait déjà un long moment qu'elle désirait voir ce rêve devenir réalité. Depuis, elle enchaîne les collections qui sont composées de quelques morceaux chaque saison, mettant de l'avant principalement des « basics » et des pièces uniques qui sont vendues en ligne. Comme toute personne à la tête d'une entreprise, Noémie a dû traverser des hauts et des bas au fil de son expérience en étant fondatrice d'une compagnie de commerce de détail.
Les études du Ministère de l’Industrie et du Commerce du Québec avancent d'ailleurs que c'est seulement 35,3 % des entreprises de toutes tailles, au Québec, qui poursuivent leurs activités cinq ans après leur création. C'est donc un marché assez féroce où il y a de nombreux obstacles et apprentissages.
C'est pourquoi Narcity s'est entretenu avec Noémie Lacerte, afin de découvrir ses meilleures astuces ainsi que les erreurs à éviter lorsque tu souhaites te lancer dans un projet d'entreprise, qu'il soit d'envergure ou davantage pour le plaisir.
Avoir peur de changer de direction en cours de route
« Je n'ai pas un parcours particulier parce que je pense que c'est un peu le cheminement de chaque entrepreneur, mais j'ai beaucoup changé de directions en cours de route », a-t-elle abordé comme premier conseil.
D'après l'expérience de Noémie, elle mentionne qu'il n'est pas obligatoire de suivre le plan préalablement établi à la lettre. Il faut se laisser le droit de voir et d’analyser les différentes opportunités qui se présentent, autant inattendues qu'elles peuvent l'être : « Ne pas avoir peur de ne pas stick to the first plan, ne pas avoir peur de changer de direction en cours de route si on se rend compte que notre idée originale, notre direction originale ou peu importe le plan qu'on s'est fait [pourrait prendre une autre avenue].
« Sinon, on fait juste se minder à constamment vouloir aller dans la même lignée puis tellement interpréter que c'est la seule solution. Il faut vraiment être à l'écoute de nos besoins, autant pour nous personnellement que l'entreprise », enchaîne la femme derrière Noble.
C'est d'ailleurs ce qu'elle a appris en évoluant avec sa compagnie de vêtements : « La chose la plus importante sur laquelle j'ai toujours focussé, ce sont les valeurs de l'entreprise. Après ça, tout ce qui est à l'arrière, tout ce qui est du processus, tout ce qu'on avait priorisé, ce qu'on allait mettre de l'avant, ça a changé en cours de route [...], c'est ce qui a fait en sorte que Noble a pu continuer à grandir. »
Douter de tes capacités
Noémie mentionne que l'une des grandes erreurs qui peut arriver quand on se lance en affaires est de ne pas faire confiance à ses capacités :
« On se fait beaucoup dire, quand on part une entreprise, qu'il faut se faire un plan d'affaires [...], mais honnêtement j'ai toujours dit qu'il n'y a rien de plus fort que ton instinct. Si c'est quelque chose dans lequel on perce, qu'on aime et qu'on sent qu'on est sur notre "X", c'est vraiment une passion réelle qu'on a à l'intérieur de nous, c'est vraiment [ça] qui va finir par te guider à la fin de la journée ou te donner la réponse. »
C'est d'ailleurs dans les premiers instants où son projet a commencé à voir le jour que la créatrice de contenu a ressenti le sentiment d'imposteur, une tendance qui amène beaucoup de remises en question :
« Je me sentais un peu imposteur vu que je n'avais fait aucune étude en entrepreneuriat, mais plus particulièrement aucune en mode non plus [...]. Je ne me sentais pas assez capable juste parce que j'avais l'impression que je n'avais pas été sur les bancs d'école pour apprendre vraiment la matière. »
Elle est finalement allée suivre quelques cours sur le sujet et c'est à ce moment-là qu'elle s'est rendue compte que, tout dépendant du domaine, « il n'y a rien vraiment de plus puissant que ce que tu vas apprendre par toi-même », sur le terrain.
Miser uniquement sur le profit
Quand on se lance dans une idée d'entreprise, il peut être attirant de penser au profit possible, mais Noémie précise qu'il est important de ne pas seulement miser sur l'argent : « J'ai des amis qui sont entrepreneurs pour des affaires qui ne sont pas vraiment leur passion. Eux, leur [but] en tant qu'entrepreneur, c'est de faire des sous.
« Moi, c'est vraiment que je suis passionnée par la mode [...] Je ne penserais pas que je me rendrais malade, c'est beaucoup de stress, beaucoup d'embûches et d'enjeux, mais je n'ai jamais eu une motivation monétaire [...]. Ça n'a jamais été cette portion-là qui m'a allumée », enchaîne-t-elle.
En réalisant son rêve, l'entrepreneuse mentionne qu'elle trouve important d'entamer un tel projet d'envergure avec l'envie de le faire et non pas d'espérer une prospérité économique : « Le fait que je tripe autant sur mon domaine puis qu'à chaque jour j'en mange puis que je n'ai pas l'impression d'avoir un business, j'ai vraiment juste l'impression d'avoir du fun chaque jour et ça l'aide beaucoup. »
Ne pas penser à la rentabilité du projet
D'autre part, la créatrice de contenu nous a confié qu'elle est d'avis qu'il faut tout de même garder un oeil sur la rentabilité de l'entreprise :
« J'ai deux contradictions par rapport à [l'argent] parce que la première c'est que oui, quand on se lance en business, il faut s'attendre à ce que [ce soit] beaucoup de travail pour peu de fruits à la fin de la journée. Les cinq premières années, c'est plus difficile, ça dépend du domaine [...]. Mais d'un autre [côté], j'étais tellement juste focussée sur réaliser un rêve qu'il y a beaucoup de décisions que j'ai prises sans penser aux sous. »
En ne regardant pas le budget, Noémie s'est rendue à un point où Noble n'engendrait aucun profit à la fin de sa première année, entre autres parce qu'elle avait une idée en tête et qu'elle a attendu avant de regarder les autres options :
« Je voulais tellement offrir un produit, je voulais tellement créer des vêtements, je voulais tellement mettre en vie un rêve que j'ai depuis que je suis toute petite que je ne focussais pas sur les bonnes choses [...] Il faut se rendre à la réalité qu'un moment donné, une entreprise, il faut qu'elle soit rentable, du moins pour qu'elle survivre. »
Elle spécifie donc de s'assurer que ton projet soit en santé pour éviter d'être aux prises avec une faille qui pourrait avoir raison des efforts investis.
Se laisser influencer par les craintes des autres
Dans toutes les sphères de la vie, ton entourage peut te conseiller, te mettre en garde et te supporter. C'est ce que l'entrepreneuse souligne comme étant un aspect qui peut être autant des plus bénéfiques que défavorables :
« Quand tu te pars en entreprise, de A à Z, à la source, si tu ne crois pas en tes capacités, tu vas rapidement te décourager. Tu vas rapidement te rendre compte que tout le monde autour de toi, pas qu'ils ne croient pas en toi, mais ils ne vont jamais autant croire en toi que toi tu vas croire en toi. »
Elle ajoute que le fait de se lancer en affaires représente un certain risque et que ce n'est pas tout le monde qui a le courage de le faire :
« Il faut vraiment que tu sois capable de passer par-dessus les gens plus traditionnels [...]. Il y a un moment où, juste parce qu'ils t'aiment et qu'ils veulent te protéger, il y avait beaucoup de gens qui me disaient "T'es sûr?" et qui me remettaient tout le temps en question parce qu'ils me voyaient rusher, travailler fort, être stressée, ne pas arriver au bout à la fin de l'année. »
C'est dans ces moments plus difficiles que Noémie recommande d'écouter son instinct et de voir la solution la plus viable : « Eux, ils vont probablement te dire de lâcher ça, d'aller dans quelque chose de plus stable, de moins stressant [...]. C'est sûr que si la voix à l'intérieur de toi laisse ces voix-là prendre le dessus, ça va être très, très facile de lâcher et d'aller dans une autre direction, ce qui est aussi possible. Il n'y a jamais personne qui va te forcer. »
Elle termine en confiant que, selon elle, « si toi, tu y crois fort, fort, honnêtement 90 % de ton business est là. »
Choisir un projet qui ne te passionne pas
Tel que mentionné plus haut, celle derrière la marque Noble a tout débuté à partir d'une passion pour la mode et elle considère primordial d'aller vers un domaine, un produit ou un sujet qui t'allume.
« Le meilleur conseil que je peux donner à ceux qui ont le goût de partir un petit quelque chose [...], il faut vraiment que t'en manges de ce que tu fais parce que tu vas en faire beaucoup dans ta journée, tu vas te mettre à ne parler que de ça, ta vie va que tourner autour de ça. Ton entreprise va devenir littéralement une deuxième entité à côté de toi qu'il faut que tu prennes par la main chaque jour [...], il faut que tu ailles des points communs avec cette entité-là », explique-t-elle.
Il est aussi important de se permettre une certaine remise en questions après quelque temps pour s'assurer de croire en ton projet et c'est pourquoi une passion peut devenir la chose la plus importante :
« J'en connais beaucoup qui se tannent justement parce [...] qu'ils se rendent compte un moment donné que "Est-ce que j'aime vraiment ça, ce domaine-là, ce sujet-là? Ce produit-là, est-ce que j'y crois vraiment? Est-ce que je suis encore autant en amour avec? C'est normal, on évolue en tant qu'humain, mais je pense que c'est important vraiment d'avoir une motivation de plus. »
Manquer de curiosité
Noémie enchaîne ensuite en partageant qu'une des erreurs qui pourrait l'avoir freiné à certains moments dans son parcours est celle de ne pas être assez curieuse : « Je suis une petite tête de cochon des fois, j'ai l'impression que c'est juste moi qui a la réponse absolue alors que la réalité, c'est que ce n'est absolument pas le cas. Je n'écoutais pas assez les conseils des autres parce que j'étais un peu orgueilleuse [...] J'étais très fermée au début. »
La créatrice de contenu enchaîne en expliquant que, bien qu'il ne faut pas se laisser influencer par les commentaires d'autrui, il reste tout de même pertinent d'être à l'écoute des gens autour de soi :
« Un conseil peut facilement changer le parcours de manière hyper positive de ton entreprise, ça peut te faire voir une nouvelle idée, ça peut te faire voir un concept ou une mission d'une tout autre façon », confie-t-elle avant de poursuivre : « Maintenant, je dirais que cette erreur-là, je l'ai corrigée parce qu'à chaque fois que je prends une décision, je demande à toute mon équipe maintenant que j'en ai une. C'est sûr qu'au début quand tu n'en as pas, c'est plus difficile, mais n'importe qui a une personne de confiance. J'en parle à ma famille, à tous les professionnels avec qui je travaille, comptabilité, fiscalité, tout le kit. »
Il est aussi judicieux de demander conseil à des professionnels et professionnelles ainsi que de ne pas hésiter à poser des questions, selon l'entrepreneuse.
Prendre des décisions émotionnelles et spontanées
Une autre erreur que Noémie a soulevé est de laisser ses émotions prendre le dessus lors de la prise de décision : « Je me fais toujours une liste de pour et contre. De prendre des décisions hyper émotionnelles, comme j'ai fait toute ma vie, maintenant j'essaie de prendre des décisions plus éclairées. Mes décisions émotionnelles vont plus être dirigées maintenant parce que j'ai trop fait d'erreurs de prendre des décisions un peu spontanées parce que le coeur voulait, mais finalement la tête a réfléchi. »
Elle précise donc qu'il faut faire attention et prendre le temps nécessaire pour faire un choix sensé ainsi que de demander l'avis d'autres personnes :
« Ta tête est tellement ton meilleur outil, mais des fois quand tu es trop dedans, c'est sûr que d'avoir deux cerveaux qui pensent, trois ou quatre, c'est toujours l'idéal. Ils vont juste t'aider à voir d'autres visages de la situation. Il suffit de prendre leurs conseils, de prendre leur expérience. »
Après quelques années sur le marché, elle constate que le fait de poser des questions peut éviter bien des erreurs.
Ne pas déléguer
Le dernier point à éviter, que l'entrepreneuse considère comme étant l'un des plus importants quand vient le temps de débuter une compagnie, est celui de ne pas déléguer certaines tâches.
« Ça, c'est une autre erreur que j'ai fait longtemps, j'avais extrêmement peur de déléguer. C'est beaucoup d'insécurités que j'ai personnellement et ça, c'est quelque chose que t'apprends quand tu as une entreprise. Comme je dis une entreprise c'est que tu crées un enfant, il faut que tu apprennes à le gérer [...]. J'avais beaucoup de misère à déléguer parce que pour moi c'était insensé de donner mon bébé à quelqu'un », explique-t-elle.
Noémie termine en affirmant qu'il est mieux de se concentrer sur ses forces plutôt que d'essayer de tout faire en même temps :
« Je dirais que déléguer, c'est la base numéro un parce que dans la vie tu as tes forces, mais aussi tes faiblesses. Si tu t'occupes de tout, tu vas t'occuper aussi des trucs qui sont tes faiblesses, donc ça va être mal fait, ça ne sera pas aussi sharp que ce que toi, tu as envie que ce soit. Tous les trucs [avec lesquels] tu es meilleur, si tu prends tout ton temps dans ton horaire de journée pour focaliser là-dessus parce que c'est dans ça que tu excelles, c'est dans ça que ton entreprise va briller. »
Cet entretien a été édité et condensé afin de le rendre plus clair.
À noter que l'écriture inclusive est utilisée pour la rédaction de nos articles. Pour en apprendre plus sur le sujet, tu peux consulter la page du gouvernement du Canada.
Noémie Lacerte nous confie 9 erreurs à éviter si tu veux partir ta compagnie
Source: News Article Viral
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