6 tatoueurs au Québec nous confient les projets qu’ils ne sont plus capables de voir



Les tatouages, on en voit de toutes les couleurs, de toutes les formes ainsi qu'à tous les emplacements possibles. C'est même en train de devenir plus rare d'observer une personne qui n'a encore jamais vécu l'expérience, ou qui ne compte pas passer sous l'aiguille incessamment. Cependant, certains motifs ou illustrations peuvent devenir redondants lorsqu'une tendance voit le jour dans le milieu et Narcity a échangé avec six artistes de l'industrie au Québec afin de connaître les tattoos qu'ils et elles ne sont plus capables de voir.

On se rappelle de la mode du symbole infini ou des capteurs de rêve qui sont rapidement devenus populaires il y a quelques années. Si plusieurs tatoueurs et tatoueuses préfèrent s'éloigner de ces projets, il y a encore certaines demandes qui reviennent trop souvent et que quelques artistes refusent simplement de faire.

Emmanuelle - Sixfour Tatouage


Tatouage de rose minimaliste.

Depuis six ans, Emmanuelle Gosselin cumule de l'expérience en tant que tatoueuse à temps plein. Si elle a d'abord peaufiné sa technique pendant plusieurs années en dotwork, en géométrie et en néo-traditionnel, elle a récemment commencé à faire du réalisme au Tatouage SIXFOUR Ltée à Mirabel.

D'après son expérience, l'artiste a raconté qu'elle tente de s'éloigner d'un projet en particulier qui ne lui permet pas de mettre son talent de l'avant :

« La traditionnelle horloge de poche et rose [ensemble]. C'est très répétitif, c'est très statique comme image bien souvent. Il n'y a pas beaucoup de référence, c'est souvent les mêmes [images de référence] qui sont réutilisées. C'est dur d'aller chercher un peu d'originalité. »

Elle a également mentionné l'incontournable signe infini, les envolées d'oiseaux puis les petites roses minimalistes puisqu'elle trouve difficile d'aller chercher un aspect plus unique à travers ces projets : « J'ai rien contre les belles pièces avec une belle grosse rose, mais les petites roses... C'est vu, ça a été fait, on peut passer à autre [chose]. »

Yanick - Black Hours


Tatouage de sapin.

Yanick Daraîche est dans le milieu depuis quinze ans. Il se spécialise dans le line work, plus précisément le style morbide et le dark work, au studio de tatouage et piercing Black Hours à Saint-Jean-sur-Richelieu.

Lorsqu'on lui a demandé les illustrations qu'il n'est simplement plus capable de reproduire, après en avoir fait à de nombreuses reprises au fil des dernières années, Yanick a confié que plusieurs choses lui reviennent en tête :

« Les forêts [en] noir et qui font le tour des poignets, les têtes de lion avec des couronnes, des montres de poche, papillons [...]. Il y en a eu trop, le sur-abus, ce n'est plus assez original pour être considéré je dirais. [On en a] trop fait. »

Frédéric - Tatouage Pronovost


Tatouage d'une cha\u00eene de montagnes.

Ça fait environ six ans que l'artiste Frédéric Labonté se spécialise dans le tattoo traditionnel. Il a d'abord commencé chez Frères D'Encre Tattoo à Trois-Rivières avant d'être chez Tatouage Pronovost dans la même ville.

Il y a d'ailleurs plusieurs designs qui, au fil des années, sont devenus trop répétitifs : « Des montagnes ou des fameuses plumes... Des plumes de "ma tante" là. [Je m'en fais demander souvent des projets comme ça], mais je les [passe] à quelqu'un d'autre. Ça ne m'intéresse pas puis quand on peut choisir ce qu'on fait, on flip le reste aux autres. »

Frédéric préfère donc diriger la clientèle vers ses collègues qui désirent faire ce type de projet pour se concentrer sur les idées qui le motive davantage.

Guillaume - Lost Souls


Tatouage d'une horloge de poche et de roses.

Guillaume Marien a évolué au fil de ses 17 années dans l'univers du tatouage, dont une douzaine avec son propre studio Lost Souls situé à Beloeil. Il se spécialise dans le néo-traditionnel avec des couleurs et s'il y a bien un projet qu'il ne désire plus faire, c'est la célèbre horloge avec des roses.

« Les pocket watchs, il y en a trop. Tout le monde amène la même image de référence [...]. Il y a une semaine, je pense qu'il y a cinq ou six gars qui sont venus avec la même, même, même image : une horloge avec deux roses », nous a-t-il confié.

Autrement, Guillaume a expliqué que les tatouages reviennent par cycle, ce qui fait en sorte qu'il ne se tanne pas particulièrement des autres tendances actuelles dans son métier.

Maxime - Le Studio


Tatouage d'un coeur en tribal avec un symbole infini.

Maxime Bourret est tatoueur depuis environ cinq ans alors que ça fait maintenant un an qu'il a sa propre shop Le Studio à Saint-Sulpice. Maxime se spécialise dans le réalisme black and grey et il tente de mélanger différents styles en ajoutant des cartoons ou autre à la composition des projets qu'il entame.

Lorsqu'on lui a demandé les tatouages qu'il n'est juste plus capable de voir, l'artiste a débuté en soulevant la classique horloge de poche, tout comme certain.es de ses collègues du milieu ci-haut : « Tout le monde veut des horloges, je ne sais pas pourquoi [...]. Toutes les personnes sur les réseaux sociaux ont tous les mêmes tatouages. "Je veux une horloge" et là, ils sont originaux avec "Je veux mon heure de naissance". »

« Il y a les madames qui n'ont pas eu la chance d'avoir des tattoos quand elles étaient jeunes parce que c'était mal perçu. Elles ressortent des vieux clichés de signes infinis [avec le nom de leur enfant]. Les messieurs, c'est le tribal, ils pensent qu'ils sont encore in avec leur tribal, mais en 2023 ce n'est pas tant cool », a-t-il enchaîné.

Il a ensuite expliqué que l'un des points qu'il apprécie le moins dans le métier, c'est quand la personne désire un tatouage qui comprend trop d'éléments en même temps :

« Sinon, ce qui me gosse le plus dans les tatouages, admettons qu'on va y aller sur un hommage, comme par exemple un décès [...] puis là tu veux le représenter. Ils veulent mettre l'horloge, le nom, la date, leur signe astrologique. Ils veulent un poisson parce qu'il aimait la pêche, fait qu'au final, ils veulent un back piece en l'hommage [par exemple] au grand-papa. »

Maxime recommande donc d'opter pour un design plus petit et parfois même plus abstrait, mais tout autant significatif lorsqu'il est temps de représenter un être qui nous est cher.

Antoine - Tatouage SIXFOUR Ltée


Tatouage de loup.

Celui derrière la bannière Tatouage SIXFOUR Ltée depuis trois ans, Antoine Plante, s'est également ouvert à nous concernant les projets qu'il tente d'éviter alors qu'il cumule douze ans dans le métier.

En tant qu'artiste qui se spécialise depuis cinq ans dans le style réalisme black and grey, il a une idée claire des idées qu'il préfère refuser lorsque qu'un client ou une cliente l'approche :

« Clairement, les tattoos de loups que j'ai faits à la pelletée. Maintenant, je préfère dire non parce que je suis aux bords de faire une écoeurantite [...]. Je dirais tout ce qui est en lien avec les loups [aussi], tout ce qui est forêt, montagnes. J'ai l'impression que c'est beaucoup plus dur de donner un résultat optimal qui va rendre justice à l'image que les clients aimeraient avoir. »

Cet entretien a été édité et condensé afin de le rendre plus clair.

À noter que l'écriture inclusive est utilisée pour la rédaction de nos articles. Pour en apprendre plus sur le sujet, tu peux consulter la page du gouvernement du Canada.



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Source: News Article Viral

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