Un courtier nous parle de la baisse du prix de l'immobilier au Québec prévue en 2023



Ces derniers temps, il était de plus en plus difficile d'acheter une propriété ou simplement de se projeter pour investir. Puis, le 11 août 2022, la Caisse Desjardins a publié une étude économique sur les perspectives du marché immobilier résidentiel au Canada dans laquelle il est indiqué que le prix des maisons pourrait connaître une baisse allant jusqu'à 25 % d'ici 2023, donnant ainsi une lueur d'espoir aux futur.es propriétaires.

Pour en savoir plus sur cette chute du prix de l'immobilier prévue, Narcity s'est entretenue avec Marc Lefrançois, courtier immobilier pour Royal LePage.

Comment expliquez-vous cette baisse prévue? Quelles en sont les causes?

« Une baisse de 25 % je trouve ça un peu drastique, ce n'est pas en phase avec les prévisions de Royal LePage. [Par contre], tout le monde s’entend en ce moment que, peu importe la baisse, il n’y a pas beaucoup d’éléments qui peuvent justifier une hausse du marché à court et moyen terme.

« Vous avez en ce moment plusieurs facteurs. Le premier, évidemment, c’est la hausse du coût d’emprunt du taux d’intérêt [...] On prévoit une autre hausse d’ici la fin de l’année pour calmer l’inflation.

« [...] Un autre facteur important c’est l’inflation. En même temps que les taux d’intérêt montent, votre panier l’épicerie coûte plus cher, mettre de l’essence dans votre voiture coûte plus cher, tout coûte plus cher à cause de l’inflation. Puis ça, ça vient gruger du budget qui aurait pu être lié à l'acquisition d’un condo, d’une maison, d’un chalet. Alors, il y a des gens soit qui annulent le projet d’achat, ou ils le modifient, ils réduisent leur budget, et cela a pour effet de réduire la demande de l’immobilier.

« [...] Il y a un troisième facteur qui est peut-être moins important, mais qui est quand même présent. C’est que les banques ont toujours un peu peur des défauts de payement et quand ils voient ça, ils deviennent un peu plus difficiles dans leur critère d’adhésion. [...] Ce qui a pour effet de limiter le nombre d’acheteurs pour acquérir une propriété. Tout ça, fait que la demande de l’immobilier a baissé un peu.

« De façon concurrente à ça [...] on a des vendeurs qui avec la pandémie avaient reporté leurs projets de vendre leur maison, ils ont comme commencé à se dire collectivement “le marché va baisser, je vais vendre ma maison quand les prix seront encore hauts”. Puis ça, ça crée un peu plus d’offres sur le marché, plus de vendeurs. [...] Donc, une baisse de la demande à cause des trois facteurs que je vous ai donnés, puis une augmentation de l’offre sur la propriété à court terme pourrait créer une pression sur le marché. Surtout en 2023, on va voir les prix qui vont se replier ».

On parle d’une baisse pour le Canada, mais quelle est la tendance qui se dessine pour le Québec?

« Je pense que le Québec va mieux faire que le reste du Canada. Ce que vous trouvez inabordable en ce moment, si vous étiez à Toronto ou Vancouver, ce serait fois deux là-bas. [...] Pour eux autres, le recul va être plus sévère. À Montréal, oui ça va ralentir, ça va se corriger, mais dans une moindre mesure. [...] Quelqu’un qui vient d’acheter une maison, je ne pense pas qu’il peut craindre que sa maison perde de la valeur. »

Est-ce qu’il y a des régions en particulier au Québec où la baisse sera plus avantageuse?

« Il y a beaucoup de facteurs régionaux. Quand vous allez dans les villes plus petites que Montréal, Québec, évidemment, vous avez des économies qui sont reliées à certaines industries. Il n'y a pas beaucoup de villes au Québec, peut-être Chibougamau ou Trois-Rivières, avec des petits centres. Les autres sont liées souvent a une grande entreprise, un gros employeur, de la région alors des fois c’est difficile de prévoir.

« [...] Pour ce qui est des grands centres, je pense qu’ils sont en bonne posture. L’immobilier semble bien faire là-bas et c’est des villes qui ont du vent dans les voiles. Elles devraient continuer de bien tourner. Le Québec va très bien.

« Je pense que des sous-performances vont peut-être suivre le marché des résidences secondaires dans la campagne comme dans les Laurentides ou autour de Québec.

« Pendant la pandémie, il y a beaucoup de monde qui a choisi de réinventer leur mode de vie et a quitté la ville pour la campagne. Ça change la donne, il y a beaucoup de monde qui ont fait l’achat de maison et qui vont s’ennuyer de la ville. Il va y avoir un effet intéressant de ce côté-là, d’ici un an ou deux. Alors peut-être que pour les résidences de campagne, il est possible qu’on ait des performances un peu plus faibles là-dessus à mesure que les gens se réajustent. [...] Ce changement de comportement va peut-être créer des opportunités chez les gens qui veulent acheter des chalets. »

Est-ce que cette baisse signifie que c’est le bon moment pour acheter?

« On ne sait pas combien de temps la baisse va durer. Puis, on ne sait pas avec quelle amplitude. [...] Vous savez ce que je trouvais triste pour les acheteurs ces dernières années, c’est que les gens achetaient des maisons aveuglement, puis ils mettaient tous leurs sous et ils faisaient des compromis qui n’étaient pas les bons. On peut en faire sur la couleur de la salle de bain ou de la cuisine parce qu’on peut changer, mais l’emplacement d’une propriété, on pourra jamais la changer.

« [...] Maintenant que le marché est plus équilibré, si quelqu’un cherche une maison, il va pouvoir dire “je cherche une maison pour dix, quinze, vingt ans’’. Il va avoir du choix, puis les gens vont être capables de négocier et d’arrêter de faire des compromis. Ça, c’est la bonne nouvelle. Donc si jamais vous étiez dans le marché pour un condo ou une maison, moi je conseille aux clients que c’est le temps de commencer à regarder et d’être sélectif. Et pas de s’emporter comme avant. »

Que conseillez-vous aux personnes qui veulent acheter une première propriété?

« Quelqu’un qui s’est empêché d’acheter dans les douze derniers mois, qui est encore sur le marché, qui est sur la touche et qui regarde encore pour essayer de trouver des choses, cette personne-là est de bien meilleure posture aujourd’hui.

« C’est le temps de commencer à regarder, de commencer à magasiner. Prenez votre temps, soyez cartésiens. Il n’y a pas de danger, le marché ne va pas se retrouver 20 % plus cher.

« Parce que ce qui arrivait depuis deux ans, c’est que les gens se disaient si j’attends un autre six mois ça sera plus cher, il faut que j’achète n’importe quoi tout de suite. C’est fini ça. Maintenant, les gens peuvent respirer, prendre leur temps et négocier. »

Pouvons-nous nous attendre à une remontée des prix dans les prochaines années?

« Le Canada est un pays qui va continuer à bien performer économiquement, avec une population bien éduquée et une stabilité politique. [...] Je pense qu’on va toujours offrir une paire de choix pour beaucoup d’immigrants, et ça, ça va continuer sur le long terme à bien faire performer l’économie.

« La baisse qui s’en vient va juste rétablir les choses par rapport à la folie qu’on a connues. [...] On va peut-être perdre une année de performance par rapport à ce qu’on a eu depuis deux ans. Après ça, je pense qu’on se dirige vers d’excellentes années. [...] Continuez d’investir sur l’immobilier, sur le long terme ça va être payant. »

À noter que l'écriture inclusive est utilisée pour la rédaction de nos articles. Pour en apprendre plus sur le sujet, tu peux consulter la page de l'OQLF.

La photo de couverture est utilisée à titre indicatif seulement.



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Source: News Article Viral

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